Biographie

Partout où il passe, l’accordéoniste Lionel Suarez impose sa délicatesse et sa créativité... Des mondes composites qu’il traverse à l’aise avec la joie d’un gosse et le recul d’un sage, il ravive les couleurs et la sève.

Son habileté à tout jouer, ce fils et petit-fils de musiciens amateurs, né dans l’Aveyron en 1977, la doit certainement à la double école de la vie et de la musique : le bal, ce « phénomène sociologique que parcourent les tumultes du monde » comme dans le film d’Ettore Scola, et une studieuse formation classique, grâce à laquelle il obtiendra son prix au Conservatoire de Marseille.

Mais qu’ils soient savants ou populaires, l’adolescent se démarque des cursus obligatoires, fuit le déterminisme. On dit qu’il est d'une autre trempe, plus aventureuse, aimanté par une curiosité naturelle. Il cherche ailleurs, se jouant des styles et des a priori. Un temps pianiste, bassiste, il ingurgite des heures et des heures de répertoires, avant de se reconnaître dans l’espoir qu’offre le jazz d’une plausible liberté.

Autant d’aventures enrichissent son vocabulaire, forgent sa patte musicale, et sa polyvalence virtuose force l’admiration de ses pairs. Ses débuts et son amitié fondatrice avec Claude Nougaro achèvent de construire une renommée qui en fait un sideman recherché sur scène et en studio. Il contribue ainsi à l'enregistrement de plus d'une centaine d'albums, de musiques de films et à davantage de spectacles avec Charles Aznavour, Renaud, Pierre Perret, Véronique Sanson, Sanseverino, Zebda, Olivia Ruiz, Yael Naim, Bernard Lavilliers, Beth Ditto, Gabriel Yared, Harry Connick Jr., Birds on a wire, Féfé, François Morel, Angélique Kidjo… la liste de ses collaborations s’étire à l’infini.

Sa sensibilité de jazzman se précise et les nouvelles expériences se multiplient pour celui que Marcel Azzola considérait comme un petit frère : il se produit avec Richard Bona, Sylvain Luc, Didier Lockwood, André Ceccarelli, Médéric Collignon, Bernard Lubat, Sixun ou l’Orchestre National de Jazz…

Inclassable, cet amoureux des mots brille par sa capacité à illuminer les vers des poètes. Il souligne les émotions avec une justesse rare, sublime le sens avec la plus grande élégance et se distingue par un jeu ultra-rythmique, orchestral, mêlant improvisations et harmonisations démoniaques.

De quoi charmer l’immense Jean Rochefort avec qui il créera en 2007 « Entre autres », la première pièce de théâtre dont il signe la musique originale.

Près de trois ans de complicité et les encouragements du célèbre comédien confirmeront ses qualités de compositeur, son désir d’écrire et son attirance pour la formule qu’il affectionne plus que tout autre, le duo.

Explosif et gouailleur avec le vocalchimiste, scatteur André Minvielle ; tout en écoute, en souffles de douceur et de délicatesse, avec la trompettiste Airelle Besson ; sans oublier par la suite, les nombreux concerts littéraires avec Clotilde Courau, Michel Vuillermoz, Piers Faccini, Anne Suarez ou pour seconder son ami Daniel Mille avec l’immense Jean-Louis Trintignant…

En 2011, il monte son propre label, avec lequel il produira ou co-produira les albums « Cocanha » en trio avec le batteur-violoncelliste Pierre-François « Titi » Dufour et le guitariste Kevin Seddiki, « Tandem » avec André Minvielle, « Quarteto Gardel » avec Airelle Besson, Vincent Segal et Minino Garay, ou « Leprest, pacifiste inconnu » avec Jehan.

Il compose des chansons avec Allain Leprest, Art Mengo ou, pour le cinéma, la BO du film « La tête cachetonnée » de Jean-Henri Meunier.

Au théâtre, il signe et interprète la partition de « Piaf, l’être intime » qu’il crée avec Clotilde Courau ou celle de « Ici, Nougaro » une pièce de Charif Gattas avec le comédien Grégory Montel.

Et comme si rien ne suffisait jamais, en 2018, Lionel se jette à cœur perdu dans la direction artistique d’un évènement à Bertholène, son village natal, où il invite tous ses amis artistes. Le rendez-vous mêle une résidence pédagogique à une programmation de concerts-créations. L’affiche titre « Le Bretelle(s) Festival / pour sortir de l’autoroute… »

Aujourd’hui, riche de tant de partages, c’est en solo que l’accordéoniste se raconte, tissant la trame d’un fascinant monologue musical.

À l’image de ce parcours protéiforme, un seul fil rouge : une intense quête de sens.

Lionel Suarez est soutenu par la Fondation Inter Fréquence
"Fondation sous égide de la Fondation de France"

« Lionel Suarez, le plus délicat et le plus réservé des accordéonistes actuels »

Francis Marmande, Le Monde

« Musicien libre, prodigue, voyageur, il compose, il fédère, il assemble des spectacles qui sont à la fois ou successivement musique, théâtre, audace, vertige. Peu d'instrumentistes ont autant que lui le respect des mots, peu de musiciens une telle passion de la parole, peu d'artistes un tel respect du silence, du retrait, de la retenue »

Bertrand Dicale

« Son accordéon l'accompagne, à moins qu'il fasse intégralement partie de l'artiste, et au final, on ne sait qui de l'homme ou de l'instrument est le plus humain ! Il a avec lui sa musique, unique, et sa liberté d'artiste qui le fait passer sans problème de l'élégance aérienne d'un chant d'oiseau à un souffle plus dense, plus profond, intense, comme ancré dans la terre : l'accordéon lui accorde tout, lui permet tout, enrichissant en toute complicité compositions, arrangements, ou standards.

Et c'est par le biais d'une virtuosité sans pareille, d'une technicité unique que le musicien transmet des émotions rares, à vous couper le souffle, à vous faire vibrer, et à vous laisser définitivement enivrer par ce que peuvent donner un homme et un instrument »

Jazz Rhône-Alpes